Pourtant, derrière cette ambition nationale se cache une réalité dérangeante : la France dépend quasi totalement des importations pour ses approvisionnements métalliques [1]. Dans cet article, ADIMAS décrypte les chiffres, les flux et les leviers de résilience face à cette dépendance structurelle.
Les métaux en France : un déficit structurel
En 2024, la France consomme massivement du cuivre, de l’aluminium, du nickel et du zinc, mais n’en extrait presque plus. Malgré quelques sites miniers actifs, son taux moyen de dépendance dépasse 90 % pour la majorité des métaux critiques [1][3]. La souveraineté minérale nationale repose désormais sur trois leviers : l’exploration ciblée, le recyclage, et la sobriété d’usage.
Les métaux en France proviennent pour l’essentiel de l’importation [2]. La consommation nationale repose sur un tissu industriel fort (automobile, électronique, construction) mais sans base minière propre. Seule la Nouvelle-Calédonie exporte encore du nickel, tandis que la métropole dépend intégralement des importations pour le cuivre, l’aluminium et le zinc [3][5].
Classement indicatif des métaux les plus consommés en France (2023–2024)
Huit métaux sur neuf en France, présentent une dépendance supérieure à 90 % [2][3][4].
Seul le nickel, produit en Nouvelle-Calédonie, équilibre la balance, bien que les transformations se fassent à l’étranger.
Des ressources limitées mais non négligeables
Contrairement à l’idée reçue d’un sous-sol épuisé, la France conserve une activité minière résiduelle.
Selon le Ministère de la Transition Écologique (SDES, 2024) :
En 2024, 123 sites miniers extraient des métaux ou des ressources minérales et chimiques non énergétiques, dont 36 concessions couvrant 528 km² principalement en Guyane et Nouvelle-Aquitaine [1].
Mais la majorité des métaux critiques ne sont pas extraits à échelle industrielle.
Les projets d’exploration portent sur le lithium (Grand Est), le tungstène, le zinc, et le cuivre, encore au stade de prospection.
Ces activités minières, bien que marginales, rappellent que les métaux en France existent encore sous diverses formes, mais souvent à des teneurs trop faibles pour une exploitation industrielle.
La souveraineté sur les métaux en France devra donc passer par des filières industrielles circulaires et des investissements en recyclage.
Aluminium : une production française sans mine
L’aluminium figure parmi les métaux en France les plus dépendants des importations, en raison de l’absence totale de bauxite métallurgique nationale.
C’est le métal le plus consommé en France (~620 000 t/an).
La France produit encore de l’aluminium primaire, mais à partir d’alumine importée (raffinée à l’étranger) [6][7].
Principaux sites d’exploitation :
- Aluminium Dunkerque : 267 718 t/an [6]
- Saint-Jean-de-Maurienne : ≈145 000 t/an [6]
- Importations : ~200 000 t/an [4]
- Production primaire (à partir d’alumine importée) : ~412 718 t/an [6]
- Recyclage (aluminium secondaire) : ~120 000 t/an [10]
L’aluminium français est « made in France » mais pas « from France ».
La dépendance aux importations d’alumine rend la filière vulnérable, mais elle conserve un savoir-faire stratégique en électrolyse.
Le recyclage représente le seul levier durable de souveraineté, réduisant la consommation énergétique de 95 % et les émissions de 9 t CO₂ par tonne recyclée comparé à la production primaire [7][8].
Bauxite et aluminium : une chaîne déconnectée
La bauxite est bien le minerai d’origine de l’aluminium, mais elle n’est plus exploitée en France pour la métallurgie.
Les extractions actuelles concernent uniquement la cimenterie et la chimie.
L’aluminium produit à Dunkerque et Saint-Jean-de-Maurienne provient donc exclusivement d’alumine raffinée importée, transformée par électrolyse.
Bauxite (importée) → Alumine (importée) → Aluminium (produit en France)
C’est un modèle industriel déconnecté de la ressource nationale, mais encore porteur d’avenir grâce au recyclage et à la transformation locale.
Cuivre : une dépendance chronique
Le cuivre est l’un des métaux en France les plus stratégiques, indispensable à la transition électrique et numérique. C’est le deuxième métal le plus consommé en France .
En 2023 : 600 000 tonnes de cuivre ont été consommés, toutes formes confondues (cuivre brut, affinage et semi-produits) selon le BRGM (2023) [3].
Parmi ces volumes :
- 540 000 t ont été importées, soit près de 90 % de la consommation nationale [4],
- 66 000 t proviennent du recyclage [10],
- 0 t extraites sur le territoire métropolitain.
Les principaux pays fournisseurs de la France sont le Chili, la Zambie et la République Démocratique du Congo [4].
Le cuivre illustre avec force la dépendance structurelle des métaux en France vis-à-vis des importations.
Bien qu’il soit l’un des métaux les plus stratégiques pour la transition énergétique, les réseaux électriques et les infrastructures numériques, la production nationale est nulle et le recyclage plafonne à 11 % [3][10].
Cette situation renforce l’urgence de développer des filières de valorisation circulaires dans les métaux en France, notamment via la récupération du cuivre issu des D3E et câblages.
Ces gisements secondaires réduisent à la fois la dépendance géopolitique et l’empreinte carbone, en économisant jusqu’à 85 % d’énergie par rapport au cuivre primaire [8].
En résumé, le cuivre occupe une place centrale dans la transition industrielle et énergétique, mais il reste aujourd’hui un symbole de la vulnérabilité minérale française parmi les métaux en France.
Les marges de progrès résident aussi dans la valorisation dans le circuit court, des déchets rebuts de production électroniques et connectiques, cœur du savoir-faire d’ADIMAS.
Nickel : un cas particulier d’autonomie insulaire
Le nickel constitue un cas particulier parmi les métaux en France, car la Nouvelle-Calédonie en assure une production minière significative.
Flux commerciaux primaires (France, 2023)
- Importations (HS 750210 + 750220 + 720260) : 44 501 t [4][9].
- Exportations : 12 992 t [4][9].
- Consommation apparente (produits primaires) : ≈ 31 509 t (hors nickel contenu dans les aciers inox et alliages importés).
Production minière (Nouvelle-Calédonie) vs recyclage
- Production minière NC (2023) : 193 800 t Ni contenu [11].
- Recyclage France (Ni contenu) : non disponible (données non publiées) [10].
La France conserve une production minière forte via la Nouvelle-Calédonie, mais les volumes exportés sont peu transformés.
Le pays reste dépendant pour les alliages finis et les aciers spéciaux, faute de capacités de raffinage suffisantes [11].
Une relocalisation du raffinage pourrait renforcer la valeur ajoutée nationale.
Lithium : dépendance structurelle et enjeux pour les métaux en France
Les besoins français en lithium métal pour la mobilité électrique sont estimés à 10–15 kt/an (barre médiane illustrée à 12,5 kt) [12].
La production nationale est nulle : aucun site d’extraction ni de raffinage industriel n’est encore opérationnel [1].
Le recyclage en « Li métal » contenu dans les batteries n’est pas encore consolidé statistiquement.
En 2023, la France a importé environ 1 355 tonnes de carbonate de lithium (Li₂CO₃) [4][9] – ces volumes représentent le produit, non le lithium métal contenu.
Le carbonate de lithium est la principale forme commerciale utilisée pour la fabrication des cathodes de batteries, en particulier dans l’industrie automobile et électronique.
Ce graphique illustre l’écart colossal entre les besoins à venir et la capacité de production réelle. Les projets d’extraction (Vulcain Energy, Imerys, Eramet) visent une mise en service à horizon 2028–2030, pour couvrir jusqu’à 40 % des besoins des gigafactories françaises [12].
Le décalage structurel confirme la dépendance des métaux en France et l’urgence de développer recyclage et capacités industrielles locales [1][12].
Conclusion – Les métaux en France : entre dépendance et résilience
La France demeure massivement dépendante des importations de métaux, qu’ils soient courants (aluminium, cuivre, nickel) ou critiques (lithium, cobalt, terres rares) [1][3][5].
Le déficit dépasse 90 % pour la plupart des métaux.
Seuls le nickel calédonien et le recyclage offrent une marge de souveraineté.
L’autonomie métallique nationale passera par une stratégie combinée :
- Recyclage massif et traçabilité des flux [8][10],
- Exploration sélective des gisements stratégiques,
- Relocalisation industrielle du raffinage,
- Sobriété d’usage et lutte contre l’obsolescence.
Les métaux en France incarnent un choix de souveraineté :
dépendance subie ou économie circulaire construite.
ADIMAS agit sur ce terrain concret en valorisant les ressources déjà présentes dans les déchets industriels.
Sources
L’accès aux sources est disponible pour nos clients, sur simple demande.
Auteurs
Elisabeth avec concours d’Adrianne et de Pierre
