Sommes-nous, en France, toujours compétitifs par rapport aux autres pays de l’Europe ?
Concepts importants pour comprendre le mix électrique français
L’électricité doit être produite par des moyens qui ont toujours, d’une manière ou d’une autre, un impact carbone. De ce fait, toute consommation électrique et toute activité qui emploi de l’électricité est émettrice de carbone (au moins en amont de son utilisation).
Le mix électrique français est à distinguer du mix énergétique
Le mix énergétique correspond à toutes les formes d’énergies générées et utilisées dans une zone, toutes les consommations d’énergie primaire. Par exemple pour les transports, le chauffage des bâtiments, les procédés industriels – comme les nôtres, etc.
Le mix électrique correspond uniquement aux sources d’énergie utilisées pour produire de l’électricité, et en quelles proportions elles le sont. A partir de ces données, on peut déterminer le mix électrique moyen d’un territoire. Cela peut nous renseigner sur les émissions de carbone liées à la consommation électrique d’un pays.
Il s’agira toujours d’une approximation car les mix énergétiques et électriques réels varient fortement selon le moment et l’endroit. De plus, des pays voisins sont susceptibles de s’échanger de l’énergie. Il est difficile, voire peut-être impossible, de tracer la provenance exacte d’un courant électrique au moment où l’on s’en sert. En France, la production électrique peut être suivie sur le site du RTE (Réseau de Transport d’Électricité) ou Electricity Maps.
Le mix électrique français dépend du parc installé et influence les mix de consommation
Le parc installé correspond à l’entièreté des infrastructures de génération d’électricité opérationnelles. Le parc n’est pas utilisé entièrement au même moment. On peut dire qu’il s’agit de la capacité de production maximale.
En France, le parc installé dépasse la consommation électrique : 139GW installés contre un pic de consommation de 87 GW en 2022 (1).
Le mix de consommation est une notion utilisée quand un pays importe de l’électricité produite chez un voisin. Il est similaire au mix électrique, mais en prenant en compte le facteur d’émission de l’électricité importée.
Facteur d’émission : faible pour le mix électrique français
Le facteur d’émission correspond à la quantité d’équivalent CO2 qui est émise pour produire un bien ou un service. Dans le cas de l’électricité, c’est la masse de CO2 émise pour en produire un kilowattheure.
Un grand facteur d’émission est donc un indicateur d’une méthode de production polluante, bien qu’il ne soit pas le seul indicateur. En effet, la production d’électricité génère plusieurs impacts environnementaux à cause des besoins en matière premières, de la production de déchets, de l’empreinte au sol, etc.
Une énergie bas-carbone est simplement une énergie dont le facteur d’émission est faible. Ainsi elle rejette moins de gaz à effet de serre par kWh produit.
Le mix électrique français est constitué en majorité d’énergies bas-carbone
Le mix électrique français est dominé par des sources d’énergie bas carbone.
Mix électrique français en 2019 (2 ; 3)
Seules les énergies thermiques fossiles et les bioénergies émettent directement des gaz à effet de serre.
Comme le démontre l’image-ci-dessus, la France dispose bien d’un mix électrique bas-carbone à 90%.
Cela dit, toutes les sources d’énergie émettent un minimum de gaz à effet de serre, car l’extraction des matériaux ou la construction des infrastructures en génère.
Mix électrique français en 2020 et 2021
Le mix électrique français a peu évolué en 2020 (4) et en 2021 (5) :
On peut observer sur les images ci-dessus que les énergies renouvelables progressent de quelques pourcents par rapport à 2019 (19% en 2019, 23,5% en 2020 et 22% en 2021)
Le mix électrique français moyen possède une forte inertie sur le long terme, car les temps de construction et d’exploitations des infrastructures électriques se comptent en années, voire en décennies. En dehors de cas exceptionnels, le mix évolue peu d’une année à l’autre.
Évolution du mix électrique français en 2022
En 2022, la production électrique française est perturbée en raison des sanctions économiques décidées par l’UE et suivies par la France, à l’encontre de la Russie.
A cela s’est ajouté l’arrêt temporaire en France de plusieurs de nos centrales nucléaires. En septembre 2022, sur 57 réacteurs, 16 étaient en maintenance et 14 en contrôle. Le 9 décembre 2022, 16 réacteurs étaient toujours à l’arrêt.
Pour compenser cette énergie manquante, d’autres infrastructures électriques ont été mobilisées, notamment des centrales thermiques fossiles (6). Des imports d’électricité depuis les pays frontaliers sont aussi mis en place. Le gouvernement avait même annoncé un risque de coupure de courant pendant l’hiver, si la demande électrique ne pouvait être entièrement satisfaite (7).
Sur les graphiques ci-dessous, nous présentons l’évolution du mix électrique français au cours de l’année 2022 : en avril (8) et en novembre (9) :
Par rapport aux mix des années précédentes, le nucléaire occupe une place moindre, même s’il reste dominant. Les énergies fossiles et l’éolien ont augmenté significativement leur part de la production. Les énergies renouvelables représentaient 26% du mix électrique français en avril 2022 et 25,5% en novembre 2022.
En novembre, l’éolien bénéficie davantage de vent, ce qui augmente significativement sa part dans la production.
En printemps et durant l’été, l’énergie solaire est bien plus efficace qu’en automne et en hiver en raison des jours plus long et plus lumineux. En période chaudes, notamment lors des sécheresses, les cours d’eau sont moins remplis. Cela défavorise l’hydroélectrique par rapport aux périodes à fortes précipitations.
Le mix électrique est donc changeant, puisqu’il dépend d’une multitude de variables fluctuantes, comme la météo, les possibilités d’approvisionnement ou les besoins de maintenance.
Mix électrique français moyen et celui d’autres pays européens
Chaque pays dispose de son propre mix électrique, construit selon ses possibilités et choix stratégiques. Pour présenter cette diversité et contraster le mix électrique français à d’autres, quelques exemples européens ont été choisis.
Mix électrique français moyen en 2022 (10)
À quoi correspond le mix énergétique français ?
Comme cela a été présenté plus tôt, le mix électrique français est relativement peu carboné. Mais il faut garder en mémoire que l’électricité ne représente qu’une fraction de l’énergie utilisée.
Seulement 25% de l’énergie finale consommée en France en 2020 était électrique (14).
Le reste de l’énergie est fossile. Les secteurs consommateurs d’énergie sont le résidentiel-tertiaire, les transports, l’industrie et l’agriculture. Encore aucun ne fonctionne entièrement grâce à l’électricité.
L’énergie primaire correspond à l’énergie brute produite avant toute transformation. Les sources d’énergie électrique y occupent une plus grande part que dans la consommation finale, car une grande part de la production est utilisée par le réseau avant d’atteindre le consommateur.
Les énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre, représentaient 47,2% de la consommation d’énergie primaire en France, en 2020 (14). Parmi les énergies renouvelables, la plus importante énergie primaire consommée est le bois de chauffage. Les objectifs posés pour la transition énergétique et la neutralité carbone en 2050 ne seront pas faciles à atteindre.
Il faut se rendre à l’évidence : la France est encore loin d’être un pays « décarboné ». La moitié de l’énergie utilisée est encore produite par des technologies thermiques à fort impact carbone.
Si le mix électrique français est parmi ceux au plus faible impact carbone, les consommations d’énergies fossiles sont encore suffisamment importantes pour que la France soit le douzième pays le plus émetteur au monde, en étant le vingt-deuxième le plus peuplé.