ADIMAS participe activement à actionner le levier du recyclage, face à l’épuisement des ressources naturelles et aux impacts de leur extraction.
Le recyclage permet la production de métal avec une empreinte environnementale fortement réduite par rapport au métal miné. Malgré cela, le recyclage seul ne suffit pas à atténuer les impacts de la filière, puisqu’il n’aboutit pas à une réduction des activités minières.
Cours record de l’or en 2024
Le prix des métaux influence la quantité qui sera recyclée. En effet, plus le prix est élevé, plus le recyclage est rentable. Une montée des prix a donc tendance à augmenter les quantités recyclées.
Entre les débuts de 2014 et de 2024, le prix du kg d’or a approximativement doublé, passant d’environ 30 000 euros/kg à 60 000 euros/kg.
Le 12 avril 2024, l’or a dépassé les 73 000 euros/kg, nouveau record historique de la valeur nominale de l’or. (1) Cela est notamment dû à des achats importants et continus par les banques centrales et une hausse des acquisitions par les particuliers.
Paradoxalement, la quantité d’or recyclé a plutôt diminué depuis 2010, ainsi que la part d’or recyclé dans l’offre mondiale.
Or miné et or recyclé dans l’offre : évolutions de la production
L‘or est un métal noble et inoxydable, un des éléments les moins réactifs. Historiquement, c’est un métal précieux universellement reconnu. L’humanité a donc toujours pris soin de conserver et recycler son or, au point qu’il s’agisse du métal le mieux préservé dans le temps (2).
Chaque année, plusieurs milliers de tonnes d’or sont extraites des mines ou recyclées. Environ 213 000 tonnes d’or ont été extraites dans l’histoire, dont les deux tiers depuis 1950 (3).
Depuis 2010 la production totale d’or est assez stable. Cela dit, on peut observer une tendance inverse entre les mines et l’or recyclé depuis 2013 : les mines d’or en produisent davantage et moins d’or est recyclé.
On observe une baisse de la proportion d’or recyclé dans l’offre au fur et à mesure des années.
En 2010, l’or recyclé était d’une encore plus grande importance dans l’offre mondiale avec 38% (1671 tonnes) d’après le World Gold Council (4). La crise financière de 2009 a poussé au recyclage de l’or pendant plusieurs années. Cela dit, l’or miné n’a encore jamais été dépassé par l’or recyclé dans l’offre.
Ces dernières années, une moindre part de la production mondiale provient du recyclage : seulement 24% en 2022 (1144 tonnes) et 25% en 2023 (1237 tonnes).
Les facteurs influant le recyclage de l’or sont nombreux. Tout d’abord, un haut cours de l’or encourage le recyclage. D’autre part, des difficultés économiques peuvent également encourager les détenteurs d’or à le revendre, conduisant à son recyclage
La Chine, la Russie et l’Australie sont les trois plus grands producteurs d’or mondiaux. Ils représentent ensemble plus de 27% de la production mondiale en 2021. Une particularité de la Chine est qu’elle n’est pas exportatrice d’or, à l’inverse de tous les autres pays parmi les dix plus grands producteurs.
En 2022, les sanctions émises contre la Russie à la suite de la guerre empêchent les compagnies minières russes de vendre leur or en Europe, ce qui a fortement perturbé leurs exportations.
L’Australie exporte son or majoritairement vers le Royaume-Uni, mais en fournit aussi aux États-Unis et aux marchés asiatiques, essentiellement à Singapour, en Chine et en Inde.
Quant à la France, elle ne mine quasiment plus aucun or sur son territoire, malgré un potentiel métropolitain non-exploité (6). Des mines d’or sont actives uniquement en Guyane, où un projet d’exploitation y a été abandonné en 2019. L’exploitation d’or la plus significative y est encore l’orpaillage illégal avec environ 10 tonnes par an, tandis que les exploitations en règles n’en comptabilisent que 1,5 tonne environ.
Impacts environnementaux et sociaux des mines d’or
Comme toutes les mines, elles ont un impact environnemental considérable. Localement, il en résulte une altération irréversible du territoire occupé par la mine, une pollution aux métaux lourds. L‘exploitation de l’or présente aussi des risques pour la santé des ouvriers, notamment dans les installations artisanales (7).
L’usage de cyanure, d’arsenic et de soude caustique dans les mines industrielles est une source majeure de pollution. Les sites miniers en fin d’exploitation continuent de représenter un danger et la pollution qu’ils contiennent doit être contenue indéfiniment.
Les mines de grande taille attirent des populations importantes du fait des emplois qu’elles génèrent, mais l’attractivité économique de la région et ces emplois ne survivent souvent pas à la mine une fois sa fermeture décidée.
Sur les sites de petite taille, comme d’orpaillage illégal ou dans les mines artisanales, le mercure est encore utilisé pour séparer l’or des minerais, malgré son interdiction. Les exploitations d’or artisanales sont la première source mondiale de pollution au mercure.
De plus, les conditions de travail sur les sites artisanaux sont souvent rudimentaires : Sites non-sécurisés, absence d’équipements de protection, même travail des enfants…
Particularités des mines d’or
Les mines d’or sont parmi les plus nombreuses dans le monde. En effet, les gisements d’or peuvent être viables économiquement même en étant de relativement petite taille. Ils sont accessibles avec un investissement initial moindre, ce qui permet à de plus petits investisseurs de concrétiser des projets miniers.
Les mines d’or sont généralement productrices d’autres métaux. Parmi les coproduits principaux sont l’argent, le cuivre, le fer, le zinc et le plomb. Les mines dédiées à l’or extraient d’ailleurs souvent de plus grandes masses de coproduits que d’or.
L’importance dans l’offre de l’or recyclé, par pays
En 2023, l’or recyclé comptait pour 25% dans l’offre mondiale en or, soit 1237 tonnes. (4)
Plus de 90% de l’or recyclé provient de déchets de haute qualité : bijouterie, pièces et lingots (8). Un bijou en or 18 carats à une teneur en or de 75%, tandis qu’une pièce ou un lingot aura une teneur proche de 100%.
Le reste de l’or recyclé provient de l’industrie, essentiellement de produits électroniques dont la teneur en or est bien moins importante.
Logiquement, les pays qui recyclent le plus d’or sont aussi où sont possédées les plus grandes quantités de vieux bijoux dorés.
La Chine, l’Inde et la Turquie dépassent les autres pays en quantité d’or recyclé, du moins jusqu’en 2019 où l’Inde et la Turquie commencent à perdre en volume de recyclage.
La Chine et l’Inde sont les deux plus grands recycleurs d’or, elles représentent ensemble environ 20% de l’or recyclé dans l’offre, alors qu’elles sont responsables de plus de la moitié de l’or consommé par an. Cette différence s’explique par un accès plus récent de la population à la bijouterie dorée, mais aussi par des différences culturelles. Par exemple, en Inde les bijoux dorés sont vus comme une bonne façon d’épargner.
L’Europe occidentale produit environ 30% de l’or recyclé dans l’offre mondiale, mais ne représente que 12% de la demande annuelle. Avec le temps, il est probable que les différences régionales s’estompent.
La différence Offre / Demande au cours du temps, avec ou sans or recyclé dans l’offre
Le surplus d’or correspond à la différence entre l’offre et la demande en or. Il varie donc en fonction de la consommation d’or soustraite à l’extraction minière et au recyclage de l’or.
La plupart du temps, l’offre en or est plus élevée que la demande : c’est un surplus. Entre 2011 et 2014, puis en 2022, une forte augmentation de la demande a résorbé ce surplus malgré un maintien du niveau de production.
Mais il est intéressant de regarder la différence entre la simple production des mines et la demande. On se rend alors compte que l’or recyclé est essentiel à en satisfaire la consommation.
Sur le graphique ci-dessous, on représente l’évolution du surplus d’or si l’on ne comptait que la production minière, donc en ne comptant pas l’or recyclé dans l’offre.
On observe un large déficit chaque année. Le recyclage de l’or est donc déjà indispensable à son approvisionnement, pour satisfaire la demande.
L’augmentation de la production minière a permis de diminuer au fur et à mesure ce déficit en or. Cependant le coût écologique de cette extraction est très important, bien supérieur à celui du recyclage de l’or, lequel a malheureusement perdu en volume au fur et à mesure des années, avec des événements qui ont fortement impacté le commerce de bijoux dorés.
Cette tendance ne pourra pourtant pas se maintenir indéfiniment.
Perspectives sur le futur de l’or miné et de l’or recyclé dans l’offre
Les gisements d’or encore exploités sont de moins en moins riches en métaux. L’extraction de l’or devient donc de plus en plus difficile, plus énergivore et moins rentable.
Dans les prochaines décennies, il est très probable que le pic de l’or soit atteint, c’est-à-dire l’année du record d’extraction à partir de laquelle la production minière ne pourra qu’inexorablement diminuer. Mais même s’il approche, il est difficile de donner au pic une date précise, car les techniques d’explorations et d’exploitations évoluent aussi, ce qui peut augmenter la quantité connue de ressources naturelles exploitables.
Un pic de production provoquera à terme une pénurie mondiale (10). Logiquement, on s’attend à ce que la part d’or recyclé dans l’offre augmente.
Les techniques de recyclage évoluent, notamment pour la récupération de l’or dans les déchets industriels et les produits électroniques. De nouvelles méthodes, par exemple bio-hydrologiques, permettraient une récupération encore plus efficace et moins polluante.
L’avenir de l’or sera dicté par ses futures approvisionnements et par la façon dont il pourrait être intégré aux politiques monétaires.
Mais avant de compter sur de potentielles innovations, nous pouvons d’ores et déjà agir en adoptant des modes d’organisation plus efficaces et résilients, notamment en développant l’écologie industrielle.