L’éco-conception désigne le fait d’inclure l’environnement dans ses critères de conception des biens et services, en anticipant chaque étape de leur cycle de vie. Choisir de quel matériaux les cartes à puce seront faites en est un aspect fondamental.
Les choix des donneurs d’ordre – avantages marketing des matériaux des cartes à puce
Le donneur d’ordre fait partie des metteurs sur le marché des cartes à puce. Le premier metteur sur le marché des cartes à puce étant le fabricant qui reçoit le cahier des charges de la part de ces clients – donneurs d’ordre et distributeurs de cartes auprès des utilisateurs finaux.
Dans ce contexte il est opportun de rappeler que les cartes à puce sont considérées comme D3E selon la réglementation française et européenne ⚖️. Tous les metteurs sur le marché doivent en assurer la collecte et le recyclage, et informer les clients sur les formalités de reprise d’après les textes de références :
- Code de l’environnement : [Articles R543-172 et L541-10]
- Directive DEEE 2012/19/UE : [EUR-Lex]
Ils doivent donc tenir compte de la recyclabilité des cartes en fin de vie.
Proposer à l’utilisateur final une carte différente des standards communs est un moyen pour le donneur d’ordre de renforcer son image de marque.
L’objectif est d’offrir aux utilisateurs finaux, une carte qui se démarque des autres, suscite une émotion positive et in fine, les fidéliser.
Les distributeurs mettent en avant une meilleure expérience de paiement ou cherchent à les associer à une action éthique.
Cela passe aussi par la personnalisation des cartes, qui portent des logos et des designs reconnaissables. La personnalisation par l’usager est également devenue une possibilité accessible de nos jours.
Le choix du matériau des cartes à puce peut servir cet objectif.
Les matériaux des cartes à puce présents aujourd’hui sur le marché sont multiples.
On compte entre autres :
- Les métaux
- Le bois
- Les plastiques (biosourcé, recyclé…)
Les matériaux des cartes à puce proposés sont-ils pertinents pour une carte écologique ?
Les métaux 🪨 – matériaux pour les corps des cartes à puce
Les cartes métalliques sont présentées comme des alternatives prestigieuses aux cartes plastiques. Les distributeurs en vantent « un produit haut de gamme » par l’aspect, le poids, la texture. Elles sont aussi souvent associées à des options spécifiques au public visé, comme de hautes limites de paiement et des services personnalisés. Elles sont aussi plus chères.
Une carte standard 💳 contient déjà du cuivre de l’or, parfois du nickel, de l’argent ou du palladium. Une carte métallique est composée en plus de cela, d’un corps en acier inoxydable, parfois même de tungstène en incrustation, entouré de plastique sur une seule face ou les deux.
L’objectif de ces cartes est de plaire aux usagers, par la démonstration de leur statut social distinctif, élitaire, en les différenciant des autres.
Un exemple connu de carte prestigieuse est la « black card », disponible uniquement sur invitation et facilement reconnaissable par les initiés.
La surenchère métallique va des cartes plaquées or 18 et 24 carats, que certaines banques proposent à leurs clients, jusqu’aux cartes ornées d’or massif et de diamant.
Les métaux ont l’avantage d’être recyclables ♻️, ce qui pourrait les favoriser dans une démarche d’éco-conception. Mais ces cartes contiennent tout de même une part de plastique et surtout, elles représentent un mélange très complexe de différentes familles de métaux : ferreux et non ferreux dont précieux, et l’affinage (in fine recyclage) de chacun, n’est pas possible par une seule filière destinataire.
Le Bois 🌳 – matériau pour les corps des cartes à puce
Les cartes en bois 🪵 sont fabriquées en insérant leurs puces (y compris RFID) entre deux lamelles de bois collées.
Les bois principalement utilisés sont le sycomore, l’érable ou le cerisier, mais tous les bois sont envisageables.
Le bois profère aux cartes une image écologique, car c’est un matériau naturel. La publicité qui les accompagne vante alors cet aspect.
Elles sont plutôt proposées par des banques et organismes investis dans les thématiques environnementales.
Mais choisir le bois ne suffit pas à en faire une carte écologique.
L’avantage du bois est d’être par nature renouvelable et biodégradable. Mais une carte entière héritera de cette propriété qu’à condition de n’employer en complément aucun matériau non biodégradable ❌.
Or les éléments électroniques des cartes, dont les puces, sont constituées de plastique mais surtout de métaux recyclables et stratégiques. En éco-conception, il est complexe de concilier les avantages d’un corps en bois avec la nécessité de collecter et de recycler les métaux présents dans les cartes, tout en tenant compte de la présence du plastique, qui sert à fixer les composants.
Quoi qu’il en soit, le choix d’un support en bois pour les cartes à puce doit impérativement assurer qu’en fin de vie, une fois les modules métalliques séparés, le déchet de bois pourra être classé en classe B.
Chez ADIMAS nous souhaitons, pour des raisons écologiques, ne pas être confrontés à ce type de matériaux, mais nous sommes capables de répondre favorablement à la valorisation de ces cartes afin de « dépanner » nos clients, sachant que ces cartes sont minoritaires.
Pour qu’un matériau soit véritablement écologique, son recyclage à la fin de vie de la carte à puce est tout aussi important que sa nature et son origine.
Des recherches doivent être menées par les concepteurs et fabricants afin de déterminer si les cartes en bois ne représentent qu’une mode passagère, comme l’échec avéré des cartes en PLA, ou si le bois pourrait se classer aux côtés du PVC recyclé en tant que matériau écologique pour les cartes à puce.
Nous vous invitons à vous pencher sur notre article dédié aux cartes en bois pour approfondir.
Les plastiques biosourcés 🌱 – matériaux pour les corps des cartes à puce
Ce sont aussi des matériaux pour les corps de cartes à puce mis en avant pour leur image. ⚠️ Tous les plastiques biosourcés ne se valent pas, puisqu’ils ne sont pas tous recyclables.
Le PVC biosourcé est recyclable dans le même flux que le PVC classique et PVC-R, ce qui est un avantage indéniable, puisqu’il s’agit d’une filière parmi les mieux installées ♻️.
Attention néanmoins aux plastiques tels que le PLA 🌽. Ce plastique n’est pas recyclable. Son attrait réside dans sa nature renouvelable et d’origine biologique, puisqu’il est issu de cultures agricoles.
Bien qu’il soit présenté comme un plastique biodégradable ou compostable, il ne l’est pas dans le cadre du compostage domestique ❌ (1). Il ne se dégrade que dans des conditions de compostage industriel spécifiques, qui sont rares en France 🇫🇷. Même en Allemagne 🇩🇪, reconnue pour ses avancées en gestion des déchets, seulement 5 % des installations de compostage peuvent traiter les bioplastiques selon les normes (2).
Actuellement, il n’existe pas de filières de collecte dédiée au recyclage du PLA ❌. Si le PLA commercialisé peut-être indiqué comme recyclé, cela provient en réalité de déchets de production et de rebuts de filaments qui n’ont pas quitté leur site d’origine (3).
Ainsi, la majorité du PLA est incinérée 💨, engendrant des émissions de CO2 d’environ 1,9 kgCO2eq par kilogramme de PLA brûlé (4).
Son origine végétale ne suffit donc pas à en faire un matériau écologique, et il ne répond pas aux critères de la carte à puce écologique. La promesse d’un plastique à faible impact environnemental, à la fois biosourcé et biodégradable, reste encore à réaliser (5).
Il y a quelques années, le PLA avait beaucoup attiré l’attention par rapport aux plastiques dérivés du pétrole. Cependant, aujourd’hui, avec les retours d’expérience, les opinions sont plus nuancées.
our en savoir plus nous vous invitons à consulter notre article : Quels sont les critères pour une carte à puce écologique ? accessible sur notre blog
Les Plastiques recyclés ♻️, matériaux pour les corps des cartes à puce
⚠️ Tous les plastiques recyclés ne sont pas recyclables à leur tour. Pour offrir de multiples cycles de vie aux plastiques, il est surtout crucial de ne pas les mélanger entre eux, car les recycleurs ont besoin d‘un bon niveau de pureté pour accepter un déchet.
Séparer les bioplastiques est difficile, et les recycleurs considèrent qu’ils contaminent les flux de recyclage.
On peut éviter de mélanger les plastiques en amont grâce à la conception des cartes, mais aussi en organisant une collecte efficace et consciente de cet enjeu.
Quel choix de matériau pour une carte à puce écologique ?
Le PVC-R (PVC Recyclé) apparait comme l’option la plus écologique à ce jour pour être le matériau des cartes à puce ✅.
D’abord, le PVC-R bat tous les records de sobriété carbone avec 0,169 kgCO2eq par kilogramme de matière produite grâce au recyclage ♻️.
De plus, le PVC recyclé est à son tour recyclable en fin de vie des cartes. Les cartes en PVC-R sont traitées de la même façon que les cartes en PVC neuf pour diriger chaque matériau vers la meilleure fin de vie disponible.
Dans le cas du PVC et du PVC-R : un nouveau cycle de vie ! 🔄
Il est déjà parmi les plastiques les plus recyclés au monde 🌎. Les filières de recyclage sont déjà installées et la séparation du plastique des corps de cartes permet de les y diriger.
Et finalement, le PVC biosourcé 🌱 existe lui aussi et est indistingable en usage du PVC pétrosourcé. Les deux flux peuvent être mélangés même sans que cela porte préjudice à la qualité du matériau recyclé.
Ainsi le PVC-R combine un faible impact environnemental, une boucle de cycle de vie fermée, un recyclage efficace et déjà développé et mis en place, ainsi que le potentiel d’être biosourcé.
Titre : Émissions CO2 (en kgCO2eq) par kg de matière plastique utilisée pour fabriquer des cartes à puce (6, 7, 8, 9, 10, 11)
Conclusion
Les matériaux alternatifs sont heureusement minoritaires sur le marché des cartes de paiement. Le standard actuellement gagnant c’est RPVC (ou PVC-R), pour les cartes de paiement.
Le choix des matériaux alternatifs est lié à la recherche de l’esthétique, de l’originalité et de la distinction sociale. La compréhension des implications environnementales est ignorée ou occultée.
Les matériaux alternatifs pour les cartes à puce rendent le recyclage plus difficile, car la bonne séparation des matières constituantes est empêchée ou dégradée et ces cartes ne peuvent pas trouver facilement de filières de recyclage performant. Cette capacité est proposée aujourd’hui par ADIMAS.
Les besoins marketing des donneurs d’ordre sont légitimes. Le souci de l’environnement l’est tout autant. Le choix des matériaux pour le corps des cartes à puce doit, à notre sens, résulter d’un compromis entre personnalisation et éco-conception.
Cet équilibre nécessite un dialogue constructif entre les parties prenantes soit, les donneurs d’ordre est les fabricants qui assurent l’éco-conception.
Il est crucial de respecter les exigences fonctionnelles des cartes à puce, mais il l’est tout autant de choisir des matériaux recyclés et recyclables à faible impact environnemental, pour tendre toujours à réduire l’impact écologique des cartes à puce.
Sources
L’accès aux sources est disponible pour nos clients, sur simple demande.
Auteurs
Pierre, Elisabeth, Adrianne
