La relocalisation de l’industrie en France donne davantage de possibilités au recyclage des déchets électroniques, qui devrait être systématique.
Notre précédent article sur le « Recyclage des déchets électroniques » souligne clairement que le recyclage en circuit court des déchets électroniques, en commençant par les déchets de production, est stratégique.
ADIMAS s’intéresse particulièrement à la relocalisation de l’industrie en France. D’abord en tant qu’Intégrateur de l’écologie industrielle, mais aussi grâce à son savoir-faire dans la valorisation des déchets neufs du secteur connectique et électronique contenant des métaux, notamment des métaux précieux.
Dans notre article nommé « Le recyclage dans l’industrie du circuit imprimé, en France », nous avons étudié l’état de l’industrie des circuits imprimés. Il en est sorti comme conclusion que la France a connu une délocalisation significative de ses entreprises de fabrication de circuits imprimés, principalement vers des pays à faibles coûts de main-d’œuvre, principalement en Asie, au cours des quinze dernières années.
On estime que la production de circuits imprimés en Europe a diminué de 50 % durant cette période. Une part considérable de cette perte est concentrée en France, alors que des pays tels que l’Allemagne et la Suisse ont réussi à stabiliser leur production en mettant l’accent sur la technologie et l’innovation.
Des initiatives gouvernementales récentes visent la relocalisation de l’industrie en France, notamment dans le domaine des circuits imprimés. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre du Plan de relance, qui privilégie la réindustrialisation et la souveraineté technologique. Plusieurs entreprises locales ont été incitées à investir dans la fabrication de circuits imprimés, bien que ce secteur demeure encore marginal comparé à l’ampleur de la production asiatique.
Mais où en sommes-nous actuellement avec la relocalisation de l’industrie en France ?
Les événements qui ont déclenché un effort de relocalisation de l’industrie en France
Tout d’abord, la pandémie de Covid-19, puis la crise géopolitique font partie des événements qui ont éveillé certaines consciences.
Ce graphique, illustrant l’évolution de la production industrielle en France de janvier 2017 à août 2024, est basé sur les données fournies par l’Insee. (1).
On constate clairement l’impact du Covid sur les chaînes de fabrication, l’industrie automobile étant le secteur le plus touché. Viennent ensuite, par ordre décroissant d’impact : la fabrication de cartes électroniques assemblées, la fabrication d’équipements de communication, la production de composants et de cartes électroniques, ainsi que la construction aéronautique et spatiale. En revanche, le secteur de la fabrication d’équipements d’irradiation médicale, ainsi que celui des équipements électromédicaux et électrothérapeutiques, n’ont pas subi d’impact significatif.
Actions pour la relocalisation de l’industrie en France
La France a mis en place des actions pour la relocalisation de l’industrie, telles que le Plan national de relance et de résilience (PNRR) adopté en juillet 2020 par l’Union européenne, France Relance lancé en septembre 2020, ou France 2030 lancé en octobre 2021.
- Le PNRR vise à réformer et transformer l’économie en faveur d’une croissance plus verte, inclusive et compétitive. Le montant de 40 milliards d’euros alloué à la France sera versé par l’Union Européenne jusqu’en 2026, sous condition de prouver qu’elle a effectué des investissements suffisants et respecté les réformes présentes dans son PNRR. (source)
1. Écologie (20Md€)
- Rénovation énergétique ;
- Écologie et biodiversité ;
- Infrastructures et mobilités vertes ;
- Énergie et technologies vertes.
2. Compétitivité (5,6Md€)
- Financement des entreprises ;
- Souveraineté technologique et résilience ;
- Mise à niveau numérique de l’État, des territoires et des entreprises.
3. Cohésion (15,2Md€)
- Sauvegarde de l’emploi, des jeunes, du handicap et de la formation professionnelle ;
- Recherche, Ségur de la santé, dépendance et cohésion territoriale. (2)
- Faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets.
- Devenir le leader de l’hydrogène vert.
- Décarboner notre industrie.
- Produire près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides.
- Produire le premier avion bas-carbone.
- Investir dans une alimentation saine, durable et traçable.
- Produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques – dont celles liées à l’âge – et créer les dispositifs médicaux de demain.
- Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs.
- Prendre toute notre part à la nouvelle aventure spatiale.
- Investir dans le champ des fonds marins.
La France n’est pas seule à se battre pour la relocalisation des industries. L’Europe est à ses côtés avec son nouveau programme, l’European Chips Act !
- European Chips Act ⮕ Coordination entre la Commission européenne, les États membres et les acteurs clés du marché.
Sa mission : revitaliser le secteur des semi-conducteurs en Europe.
Trois axes de développement ont été adoptés :
- L’innovation technologique à grande échelle,
- Le renforcement de la robustesse du secteur,
- La sécurisation des chaînes d’approvisionnement.
L’Europe doit établir une chaîne de valeur intégrée pour atteindre l’autonomie dans la fabrication de semi-conducteurs, en augmentant le nombre d’usines et en régionalisant la transformation.
Sans cela, elle restera vulnérable aux perturbations et dépendante de l’Asie. La stratégie de relocalisation des industries en France vise à renforcer l’entrepreneuriat et à développer le secteur des semi-conducteurs, pour rester compétitif aux niveaux régional et international. (6)
Où en est la relocalisation de l’industrie aujourd’hui en France ?
Malgré les plans France Relance et le Plan de résilience, témoins d’un réel volontarisme politique post-Covid, la production industrielle peine à rebondir – elle est en baisse de 6,9 % en octobre 2024 par rapport à février 2020. (7)
D’après le cabinet Trendeo (spécialisé dans l’analyse de données économiques), le premier semestre 2024 indique un ralentissement de la réindustrialisation de « 30 % par rapport au premier semestre 2023 ». Le nombre d’ouvertures d’usines baisse de 4 %, tandis que celui des fermetures augmente de 9 %.
En 2024, on peut compter 18 entreprises industrielles relocalisées en France, en prenant en compte les fermetures. Comme indiqué précédemment, c’est un chiffre en baisse par rapport à 2023.
Au 1er semestre 2024, les chiffres annoncés indiquent bien un ralentissement, sans doute dû à la crise économique : seulement 79 nouvelles annonces d’ouvertures. La Pandémie a initiée une relocalisation de l’industrie, qui est bien en place mais semble plus lente que prévu (8).
Concernant le PNRR, au 5 juin 2024 la France a déjà reçu 77 % des fonds, soit 30,9 milliards d’euros sur les 40,3 milliards alloués par l’Union européenne.
Depuis son lancement, plusieurs projets industriels ont émergé grâce à lui – notamment dans la recherche pour la production de semi-conducteurs et de circuits imprimés. Des entreprises telles que STMicroelectronics et Soitec ont joué un rôle clé, et des partenariats public-privé ont été facilités par le gouvernement. (3)
Au sujet de France 2030, le rapport d’activité 2023 est disponible (9). En 2023, l’industrie a par exemple réduit ses émissions de CO2 de 6 millions de tonnes annuelles et produit 490 000 véhicules électriques et hybrides.
En janvier 2024, un rapport d’évaluation du plan France Relance a été publié (10). Une grande partie des fonds a déjà été engagée, avec des impacts positifs sur l’emploi (350 000 emplois créés) et le PIB (hausse de 1,4 point). Toutefois, la valeur ajoutée manufacturière française reste inférieure à celle de pays voisins et la décarbonation n’est pas au niveau attendu.
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Sources
Auteurs
Adrianne, avec la contribution de Pierre et Elisabeth.